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QUATRIÈME DE COUVERTURE. — Comme au bon vieux temps, quand les Indiens faisaient mordre la poussière aux cow-boys, on rencontre parfois son destin sur la route qu’on a prise pour l’éviter. Lorsqu’on ne croit plus aux fables et à leurs morales, le seul moyen d’allonger la vie, c’est d’essayer de ne pas la raccourcir. Ça prend du doigté. Par exemple, on peut tendre les cinq parties mobiles d’une main pour ouvrir la trappe d’un grenier et voir la tête renversée de Colette en descendre et prononcer ces paroles d’une tendresse à vous arracher le cœur : « Il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne. » Qui n’entend rien à rien en temps normal dira pour l’occasion qu’une inquiétude sourde traverse ce livre. Il aura vu juste. Désert toutefois plus accueillant qu’hostile, Mon nom est Personne emprunte sa fraîcheur couverte aux cactus de Death Valley, profonde dépression aride de cette Californie d’où les grands studios diffusent les cartoons de Road Runner et Wile E. Coyote. Comme au bon vieux temps, à cette différence près que celui-ci s’invente à mesure. — D. L.
Mon nom est Personne
DAVID LEBLANC

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Série QR, fictions, juin 2010, 348 p. — format : 13 × 19,7 cm
24,95 $ / 22 € — ISBN 978-2-923400-58-7



EXTRAIT EN PDF



> Finaliste au Prix littéraire des collégiens 2011



Livre foisonnant et labyrinthique, plein d’échos et de passages dérobés, Mon nom est Personne rassemble quatre-vingt-dix-neuf fictions brèves — certaines de plusieurs pages, d’autres de quelques lignes —, d’une prose inventive comme il y en a peu, maîtrisée et malicieuse. Ce deuxième livre de David Leblanc, après La descente du singe paru en 2007 au Quartanier, donne à lire un écrivain dont l’humour diabolique et le goût pour l’absurde laissent affleurer mélancolie et connaissance des gouffres, entre Charlie Chaplin et Les Mille et Une Nuits revus par Beckett et Woody Allen.

Par les moyens de l’imagination littéraire, de l’ironie et d’une distance salutaire à l’époque, ce livre est à la fois une critique de la vie quotidienne, une exploration de la littérature et de la culture populaire, et une mise à l’épreuve des puissances de l’écriture. En cela, David Leblanc confirme son affinité avec certains maîtres de la forme courte, aux ressources narratives et poétiques infiniment diversifiées — Daniil Harms, Donald Barthelme, Richard Brautigan… Ici, nulle séduction dramatique n’est à attendre des narrateurs, tous diables de lettres, êtres sans nom, improbables descendants de Gorgias, d’Ulysse et de Diogène le cynique, adversaires du consensus voués au langage et à l’imaginaire.



À lire du même auteur au Quartanier :
La descente du singe



CRITIQUE — Sur La descente du singe

David Leblanc balaie un large spectre, dans des textes brefs et travaillés : le conte philosophique moderne, la fiction fantastique ou vraisemblable, la note de soi à soi, la lettre, le poème, l’essai, et bien d’autres choses encore dont la caractéristique principale et sans doute recherchée est de rester réfractaires à une taxinomie poétique quelconque. Sans nulle pesanteur pourtant, et sans expérimentations prétendument révélatrices de sens que le lecteur se sentirait coupable de ne pas saisir. Car le livre est surtout ludique; la lecture se déroule dans le plaisir et cette donnée certes impressionniste n’est pas à négliger, d’une part parce qu’elle paraît correspondre en miroir au plaisir de l’écriture, de l’autre parce que le plaisir est à peu près tout ce qui s’ensuit, tellement David Leblanc est vierge de toute velléité, généralement fondatrice d’un surplomb propre à un écrivain, de « communiquer » ou de « faire comprendre » ou encore de « s’exprimer ». [...]
Marta Krol, Le matricule des anges, 2007

Dans La descente du singe, le loufoque et les dépaysements incongrus n’empêchent jamais la recherche exacte d’une phrase qui ne cesse de se dédoubler. [...] Textes aphoristiques ou humoristiques, portraits ou narrations inopinées composent le paysage formel de ce recueil que n’aurait pas renié l’auteur des Petits poèmes en prose, à cause de sa diversité formelle justement. Bien sûr, l’esthétique phrastique de Leblanc doit certainement plus à celle de Daniil Harms, dont elle retient la précision, le laconisme et l’ironie pour s’affranchir des conditionnements logiques du langage. À cause de l’ironie, on pensera aussi à Donald Barthelme, dont la tentation épiphanique des « short-short stories » n’est pas étrangère à une conception poétique de la fiction. Chez Leblanc, le réel n’existe pas comme condition mimétique, parce que la poésie oblige à le penser autrement. Et « poème en prose » n’y est que le nom d’un espace générique où la liberté des transactions formelles permet à l’écrivain de se situer dans un espace où les formes diverses n’excluent finalement pas le mot poésie qu’elles redéfinissent constamment. [...]
Luc Bonenfant, « Lire sous tous les angles »,
Canadian Literature, 2008


Si La descente du singe a l’air d’explorer différents sujets, lieux et situations qui s’interpellent d’un fragment à l’autre (l’intelligentsia, l’« âme russe », les rapports de l’auteur avec les femmes, la ville universitaire de Bordeaux...), la littérature en constitue le propos central, avec de fréquents appels aux grands écrivains dont on retrouvera plusieurs traces avouées. À travers tout cela, quelques égratignures amusantes : au professeur obsédé par les théories psychanalytiques, au postmodernisme derridien, au végétarien (« parangon de la non-pensée » et « degré zéro de l’évolution ») et au scientifique qui croit bêtement qu’une même cause a toujours le même effet et qui s’empêche d’apprécier « l’irrationnelle et merveilleuse gratuité du monde ». Pour répondre à tous ces gens, Leblanc use délibérément d’arguments fallacieux et de raisonnements pervers, excellant dans l’usage détourné de la citation et de la note de bas de page. [...]
Éric Paquin, Voir, 2007