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Guillotine
LOGE COBALT

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Série QR, poésie, aut. 2003, 168 p. — format : 14,6 × 21,6 cm
17,95 $ / 13 € — ISBN 2-9808122-1-8



EXTRAIT EN PDF



Invention d’une langue singulière qui inquiète le déroulé de la parole, dans un monologue élargi qui procède par coupes et ponctions : dans la page, la phrase, le vers, le mot, pour un monde de langage bruissant et polymorphe qui se réorganise dans le rythme — des fondements du français jusqu’au néologisme « spontané », de l'idiome de Guillaume du Bartas à celui de Christophe Tarkos. Nul désordre de principe, si ce n'est celui qui débouche sur un nouveau lissé, qui oscillerait de vie, un parler construit par la battue du rythme et du vers, mais dont le sens est soumis au carrousel rapide des images et des faux-raccords. Le vers excite et relance ici un récitatif qui, s'il peut être dit narratif et lyrique, fonctionne en déréglant tout effet de récit, et en rejouant la mémoire et la morphologie du français commun, pour arriver à une langue de synthèse qui soit monde et parole — ou monde en soi. On ne se contera pas d'histoires : à aucun moment le livre n'y arrive. — L. C.



EXTRAIT

L'orchestre est ma chauffe, cause
autrui la nuisance
me suit perdu le tambour.
Usine à raspoutitsas.
Autoroutant rue de rashes grattés
où l'ampli roule. Voisin hectique
plissé dès qu'il rôde
je tambourine. Le plan c'est pactise
avec les natifs. Bocaux pour
qu'on temporise, manège têtes
vinaigrées et le vinaigrant: je suis rompu
aux grandes machines, le pinteur, tenu
à domicile cause la pneumatique
vissée, cause le moite chahut
vomi franc. Le directeur, son jeu
de clavecin une resucée à manettes.
Pour sa gouverne il passe
au couperet d'Untel c'est ma devise.
Crin caresseur et
Conondrome.



PRESSE

« Le poète, diplômé de littérature de l'UQAM, emprunte un pseudonyme, Loge Cobalt. Le recueil comme tel loge lui-même à l'enseigne de l'avant-garde et de l'écriture hermétique, grinçante et vindicative. Près de 165 pages, sans compter le tiré à part, d'une écriture en vers, incisive et lapidaire, qui est rendue obscure par l'usage de nombreux mots rares ou de néologismes, et à la syntaxe constamment mise à mal. Quelle que soit l'opinion qu'on pourra émettre sur ce recueil, il est indéniable que nous sommes devant un tour de force qui n'est pas sans rappeler la virtuosité automatiste du Vierge incendié de Paul-Marie Lapointe à qui l'auteur reconnaît sa dette. [...] C'est donc une machine du langage, un langage-machine, mieux, une machination du langage que met en scène le pseudo Loge Cobalt. Faisant échec au sens, bousculant les repères habituels de la poésie et en particulier une bonne partie des pratiques de la poésie québécoise, ce texte, qui renoue par certains aspects avec les expériences formelles de la défunte Barre du jour, cherche à fonder une nouvelle modernité, elle-même héritière, mais pas exclusivement, des Herbes rouges. Roger Des Roches y est convoqué, mais aussi Villon, Beckett pour les plus connus, qui côtoie des noms moins connus (Chet Wiener, Christophe Tarkos). C'est un recueil qui se lit aussi dans tous les sens, les vers qui apparaissent aux en-têtes et aux pieds de page étant reproduits dans Guillotine. Malgré l'apparent désordre de cette poésie, nous ne sommes pas devant le recueil d'un toqué qui aurait décidé d'aligner des centaines de vers uniquement pour le plaisir de délirer. Références savantes, jeux ludiques, critique sociale, littéraire aussi composent l'essentiel de ce discours, mais soutenus par une impressionnante cohésion si l'on considère que cette écriture, sous des dehors anarchiques, parvient à se maintenir, à poursuivre sa démarche sans jamais épuiser ses moyens ni se désavouer elle-même. Car c'est bien là le danger qui guette toute écriture engagée dans une telle pratique: le ressassement ou l'essoufflement. Je tenais à ouvrir cette chronique avec ce recueil car il y a longtemps au Québec qu'on a posé de manière aussi radicale les possibilités d'une nouvelle modernité en poésie. »
Jacques Paquin, Lettres québécoises, no 114

« Poésie? Prose effervescente et sans frein? Genres et catégories sont ici abolies, caduques, inopérantes. Déstabilisation assurée en même temps que (déjà) parfaitement maîtrisée par le meneur de jeu. "Mais le sens, Général!" Certes, il s'agit ici d'un livre, de mots, et donc par conséquent de sens. Simplement, l'effet d'entraînement, l'accélération, la vitesse et l'urgence du propos commandent. [...] Mais l'audace de Loge Cobalt n'est pas seulement, ou essentiellement, formelle: elle touche le fond, elle le révèle. Et c'est à partir de ce fond qu'il nous invite à épouser les rythmes et le style qu'il invente. Le sens vient après, est déduit du mouvement, mais nullement oublié.
Guillotine est un livre important, de cette race de livres d'aventure où le lecteur est conduit où il ne pensait pas aller. Guillotine, titre et programme littéraire de l'ouvrage, invite à une expérience du temps, délivre ce que l'on veut aujourd'hui défendre d'une littérature contemporaine. »
Stéphane Lépine, Paysage avec figures, 2004

«Cobalt étonne dans sa façon de briser les codes habituels de la syntaxe et du lisible. Il invente un monde où règne un éclectisme de la parole, une substance aussi malléable qu'interdite.»
David Cantin, Le Devoir